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La posture de l'enseignant : un puissant levier pédagogique



Connaître le fonctionnement du cerveau, pour utiliser les bons leviers

Cet automne, nous étions avec l’équipe de l’Institut pédagogique Anquetin Rault au Congrès Innovation en Education, organisé par Julien Peron, à Grenoble. Ce congrès permet de faire se rencontrer des professeurs et acteurs de l’éducation passionnés et passionnants.


Nous avons assisté à une conférence très enrichissante d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute et autrice qui nous a parlé entre autres de l’importance d’un environnement sain et sécurisant pour les élèves. 

Notre cerveau est programmé pour détecter les menaces. C’est un héritage préhistorique. Ainsi il scanne son environnement à la recherche de menaces potentielles et face à ces menaces nous avons plusieurs réactions possibles : 

  • Attaque

  • Fuite

  • Immobilisation

Ces trois conséquences sont bien connues des personnes travaillant sur le sujet du stress. Cependant, elle nous apporté une quatrième réaction possible mise à jour par les dernières recherches scientifiques : amadouer.  Oui, cet élève que vous grondez et qui réagit en vous souriant … c’est bien cela. 

Là où Isabelle Filliozat nous apporte un regard neuf c’est sur la définition du sentiment de sécurité : pour que le cerveau se sente vraiment en sécurité, il ne suffit pas qu’il y ait absence de menaces, mais il faut qu'il puisse détecter des signes que nous sommes vraiment dans une situation de sécurité. Pour cela il faut créer de l’échange, de l’écoute, et de la confiance. 


Elève en sécurité, élève qui apprend. 

Isabelle Filliozat a mis en avant cette importance des signes de sécurité, non seulement matérielle mais également humaine et émotionnelle. Elle est d’autant plus importante que 80% des élèves que nous avons dans nos classes subissent des violences ordinaires tous les jours. L’école doit être un endroit sûr, l’enseignant doit être une personne de confiance.


Comment un élève peut-il faire confiance à un adulte qui ne le considère pas ?

Comment un élève peut-il faire confiance à un adulte qui ne le regarde pas ?

Comment un élève peut-il faire confiance à un adulte qui ne prend pas en compte son ressenti, son histoire et ses spécificités ?

Comment un élève peut-il faire confiance à un adulte qui n’a pas une posture modélisante ?

Pour cela il faut être capable de :

  • remettre en question notre regard sur l’adolescent

  • se former aux bons reflexes

  • travailler sur notre posture


Pourquoi encourager les élèves est efficace ?

« Moi j’ai appris à la dure et je n’en suis pas mort ! ». Petite phrase souvent entendue lors de discussions sur la pédagogie, l’école et l’éducation. C’est vrai, après tout nous avons tous des souvenirs de professeurs sévères, un peu rudes et très exigeants et qui parfois obtenaient de bons résultats. 

Mais pourquoi opposer l’exigence à l’encouragement et la bienveillance? Depuis 20 ans que je travaille dans le soutien scolaire, mes élèves sont la preuve vivante qu’on peut allier les deux.  L’encouragement n’est pas l’inverse de l’exigence, bien au contraire ; il est un des outils qui nous permet d’être plus ambitieux pour nos jeunes. 

Un élève a besoin de se sentir en sécurité, et c’est même notre cerveau qui a besoin de se sentir en sécurité pour mieux apprendre. L’encouragement crée de la dopamine dans celui-ci et donne l’envie de se dépasser. 


Des conseils pratiques faciles à mettre en place : 

  • Aller toujours chercher un élève légèrement en dessous de son niveau : pour le mettre en situation de réussite, afin que le cerveau génère de la dopamine.

  • Prendre le ressenti de l’élève sur un exercice : des outils simples existent pour structurer et prendre le réflexe (un bon exemple : le justaumetre©).

  • Faire reformuler systématiquement avec le mot magique « ENCORE » : « Je n’y arrive pas » -> « Non, tu n’y arrives pas ENCORE » ; « Je ne sais pas faire cela. -> « Non, tu ne sais pas ENCORE le faire ».

  • Faire la différence entre encouragements (motivation interne) et compliments (motivation externe) : en effet, des études récentes ont montré que les élèves qui étaient encouragés avaient de meilleurs résultats que les élèves qu’on complimentait. Le compliment va développer chez l’élève une forme de motivation qui vient de l’extérieur, du jugement de l’autre. Une fois le compliment fait, il cesse les efforts qu’il faisait. L’enfant ne voit pas le chemin parcouru et les efforts ne sont pas mis en avant, puisqu'il s’agit juste d’une validation extérieure. L’encouragement permet de venir travailler sur la motivation interne car il donne envie de poursuivre les efforts et de progresser (cf : le livre de Jane Nelsen).



Une invitation à l’action

 La posture de l’enseignant constitue bien plus qu’une simple manière de se tenir ou de s’exprimer devant une classe. Elle incarne une attitude globale, un état d’esprit et une approche qui influencent directement la dynamique des apprentissages, la motivation des élèves et le climat général de classe. Chaque enseignant peut choisir de s'emparer du sujet de la posture comme un outil pédagogique puissant qui conditionne non seulement la réussite éducative de ses élèves, mais également son bien-être en tant que professionnel de l'éducation. Travailler sur sa posture permet d'en retirer des avantages significatifs autant pour soi-même et que pour les élèves.






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