Pourquoi les enseignants ne sont-ils pas formés aux neurosciences ?
- Institut Pédagogique Anquetin Rault
- 15 mars
- 4 min de lecture
Aujourd’hui, les enseignants font face à des défis multiples : hétérogénéité des élèves, troubles de l’apprentissage, gestion de classe complexe... Pourtant, malgré les avancées des sciences cognitives et comportementales, la formation initiale des enseignants intègre peu – voire pas du tout – ces connaissances pourtant essentielles. Pourquoi une telle lacune ?
Des découvertes majeures… ignorées dans la formation initiale
Depuis plusieurs décennies, les neurosciences et la psychologie cognitive nous apportent une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau en situation d’apprentissage.
Les neurosciences ont mis en lumière des concepts essentiels à l'apprentissage :
Neuroplasticité : Le cerveau se réorganise en fonction des expériences, permettant une adaptation continue aux environnements d'apprentissage.
Inhibition : La capacité à contrôler des réponses automatiques est cruciale pour développer des stratégies d'apprentissage efficaces.
Attention : La focalisation sur une tâche spécifique est essentielle pour une assimilation efficace des informations.

Ces concepts permettent d’expliquer pourquoi certains élèves rencontrent plus de difficultés que d’autres et comment adapter les stratégies pédagogiques en conséquence. Pourtant, ces connaissances restent largement absentes des cursus de formation des futurs enseignants. Dans les Instituts Nationaux Supérieures du Professorat et de l’Éducation (INSPE) ou leurs équivalents, l’approche pédagogique repose encore beaucoup sur des modèles traditionnels, souvent plus axés sur la transmission des savoirs que sur la compréhension des mécanismes cognitifs sous-jacents à l’apprentissage.
Un système de formation encore très académique
La formation des enseignants est encore largement axée sur la transmission des contenus disciplinaires et la didactique des matières. On y enseigne comment structurer un cours, évaluer les élèves ou gérer une classe, mais très peu sur le fonctionnement du cerveau en apprentissage.
Les neurosciences et l'ANC impliquent un changement de paradigme : passer d’une approche centrée sur l'enseignement (ce que l’enseignant transmet) à une approche centrée sur l’apprentissage (comment l’élève apprend). Or, ce type de transformation demande du temps et un profond remaniement des programmes de formation initiale.

En pratique, la gestion de classe sur le terrain relève bien souvent plus de l'intuition que d'une démarche scientifique . Face à des comportements perturbateurs, au décrochage scolaire ou aux difficultés d’attention, beaucoup d’enseignants tâtonnent, testent des solutions empiriques, ou appliquent des méthodes héritées de leurs propres enseignants. Combien sommes-nous à avoir essayé X méthodes, et à avoir passé un temps fou à réfléchir à des solutions pour canaliser 1 ou 2 élèves qui perturbent l'ensemble du groupe classe... bien souvent sans succès?
Un retard dans l’intégration des découvertes scientifiques

Les avancées en neurosciences et en psychologie cognitive sont relativement récentes et leur intégration dans les cursus universitaires prend du temps. La recherche sur l’apprentissage a explosé ces vingt dernières années, mais les formations destinées aux enseignants n’ont pas toujours suivi cette évolution. Dans certains pays, comme le Canada ou la Finlande, des efforts sont faits pour inclure ces connaissances dans la formation des enseignants. En France et dans d’autres pays francophones, cela reste encore marginal, bien que des initiatives émergent... On pense notamment au métier d'orthopédagogue, profession qui n'est d'ailleurs pas officiellement reconnue en France, ni réglementée par un cadre légal spécifique.
Une résistance au changement dans l’Éducation nationale... et un manque de formateurs spécialisés
L’Éducation nationale est une institution massive et complexe, où les réformes prennent du temps à être mises en place. De plus, il existe parfois une méfiance envers les neurosciences éducatives, certaines formations craignant une approche trop « mécaniste » du cerveau et de l’apprentissage. Pourtant, loin de remplacer la pédagogie, ces connaissances devraient au contraire l’enrichir.
Mais pour intégrer les neurosciences et l'ANC dans la formation initiale des enseignants, il faudrait des formateurs eux-mêmes formés à ces disciplines l'enseignent directement aux futurs enseignants... ce qui reste rare, les spécialistes se tournant plus facilement vers le secteur privé ou la recherche, certainement pour des raisons d'attractivité, notamment financière.
L'Approche Neurocognitive et Comportementale : améliorer la communication enseignant-élève

L’Approche Neurocognitive et Comportementale (ANC) offre des outils concrets pour mieux comprendre les réactions des élèves et adapter sa posture en conséquence. Cette approche repose sur une compréhension fine du fonctionnement du cerveau, des mécanismes de motivation et des stratégies de régulation des émotions. Elle permet de mieux cerner les besoins individuels des élèves et d’adopter une posture plus efficace et bienveillante.
En comprenant les mécanismes cognitifs et émotionnels qui sous-tendent les comportements, les enseignants peuvent adapter leur communication pour mieux répondre aux besoins individuels de chaque élève. Par exemple, la reconnaissance des biais empathiques, tels que ceux décrits par Samah Karaki dans son ouvrage "L’empathie est politique : Comment les normes sociales façonnent la biologie des sentiments", peut aider les enseignants à développer une empathie plus juste et inclusive envers tous les élèves.
Les enseignants veulent être formés !
Loin d’être réfractaires aux innovations, les enseignants expriment régulièrement leur frustration face au manque de formation sur ces sujets. Beaucoup se tournent vers des ressources externes : lectures personnelles, vidéos de vulgarisation, conférences… Mais ces initiatives restent isolées et ne permettent pas toujours d’intégrer ces connaissances de manière cohérente et durable dans leurs pratiques quotidiennes.
Pour répondre à ce besoin, nous avons conçu la formation POTENTIA : une journée de formation dédiée aux enseignants qui souhaitent découvrir les apports des neurosciences et de l’ANC.
Cette formation propose :

De comprendre les mécanismes cognitifs et émotionnels qui influencent l’apprentissage et le comportement des élèves.
D’explorer des outils pratiques pour améliorer leur communication et leur gestion de classe.
De repartir avec des stratégies concrètes à appliquer immédiatement avec leurs élèves.
Concrètement, vous repartirez avec :

✅ Des outils pour évaluer le profil d’un élève en matière d’apprentissage,
✅ Des astuces et des méthodes pour contourner les difficultés,
✅ Des pistes pour travailler sur la motivation et la confiance en soi,
✅ Un plan d'action pour mettre en place des interventions personnalisées.
En intégrant les apports des neurosciences et de l'ANC dans nos pratiques, il est possible de créer un environnement d'apprentissage plus adapté et bienveillant, favorisant ainsi le bien-être des élèves... mais aussi celui de l'enseignant !
La science de l’apprentissage évolue, il est temps que la formation des enseignants en fasse de même ! Rejoignez-nous pour cette formation dédiée en nous écrivant à l'adresse : formations.ipar@gmail.com
Prochaine session le samedi 17 mai à Paris, ou sur demande dans votre établissement :
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