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Une dynamique collective pour répondre aux besoins des élèves

Cinq établissements vendéens unis par la volonté de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques se sont engagés depuis trois ans dans une démarche collaborative ambitieuse. Dernier jalon de ce parcours : une formation à la classe autonome animée par l'Institut Pédagogique Anquetin Rault, qui a marqué une nouvelle étape dans leur transformation pédagogique.


Une alliance née d’un besoin commun : repenser l’évaluation

Tout a commencé il y a trois ans. À la suite de formations suivies auprès d’Olivier Sauret et de Marie-Camille Coudert, plusieurs enseignants de cinq établissements de Vendée — Saint-François d’Assise à La Roche-sur-Yon, Notre-Dame à Fontenay-le-Comte, Sainte-Marie à Chantonnay, Notre-Dame à Pouzauges et Jean XXIII aux Herbiers — ont exprimé le même besoin : faire évoluer leurs pratiques d’évaluation pour les rendre plus constructives, plus formatives et surtout, plus utiles aux apprentissages.


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Ces formations ont agi comme un déclencheur. Très vite, un réseau informel s’est tissé entre les établissements, d’abord autour de discussions informelles, puis par des rencontres organisées entre enseignants d’une même discipline. Ce qui devait être une suite logique de la formation est devenu un véritable projet pédagogique collectif. La volonté de travailler ensemble, de partager des expériences concrètes, d’observer et comprendre ce qui fonctionne ailleurs, a été le moteur de cette dynamique inter-établissements.



Des profils d’élèves en mutation


Cette coopération s’est construite dans un contexte bien identifié par les enseignants : celui de l’évolution rapide des profils d’élèves. Moins d’attention, plus de décrochage, des rythmes très différents, une difficulté croissante à se concentrer dans un cadre frontal et figé. Il devenait évident que les pratiques traditionnelles ne suffisaient plus. Les enseignants de ces cinq lycées ont donc cherché à aller plus loin que l’évaluation : il fallait repenser l’ensemble du cadre pédagogique, pour répondre à la diversité des besoins.


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Une découverte : la classe autonome

C’est dans ce contexte que plusieurs enseignants ont découvert, souvent par hasard, les vidéos de Juline Anquetin Rault, enseignante de lettres modernes et formatrice, très active sur les questions d’autonomie, de différenciation et de bienveillance pédagogique. Son approche, inspirée par la pédagogie institutionnelle, la gestion mentale, les neurosciences, et son expérience concrète en classe, a rapidement suscité l’intérêt. Son livre, La prof qui murmure à l’oreille des ados, a circulé dans les équipes, été lu, annoté, discuté. Certaines enseignantes ont même commencé à expérimenter des éléments de cette pédagogie dans leurs classes, parfois de façon intuitive, parfois en suivant pas à pas les propositions de Juline.


En septembre 2024, le groupe décide de contacter directement l'Institut Pédagogique Anquetin Rault. L’engouement est tel que deux sessions de deux jours doivent être organisées pour accueillir les 32 enseignants volontaires.


Des formations riches et transformatrices


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Ces quatre journées de formation ont marqué un tournant. Que l’on soit novice ou déjà engagé dans une démarche de classe autonome, la formation a été, selon les mots de plusieurs participants, "déclencheuse", "claire", "libératrice".


La méthode proposée par l'Institut Pédagogique Anquetin Rault a su à la fois poser les fondements théoriques de sa démarche — les rôles de l’espace, du contrat, du plan de travail, de la posture enseignant — et proposer de nombreux outils concrets. Chacun a pu se projeter dans une mise en œuvre adaptée à sa discipline, à son public, à ses contraintes.


Pour les enseignants déjà engagés dans cette démarche, la formation a permis de structurer ce qui était jusqu’ici de l’ordre de l’intuition ou de la tentative isolée. Pour les autres, elle a ouvert un champ des possibles enthousiasmant, dans lequel l’élève devient acteur, autonome, soutenu, et où l’enseignant reprend une posture plus juste : ni guide autoritaire ni accompagnateur passif, mais véritable architecte d’un environnement d’apprentissage.


Vers une diffusion plus large


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Le succès de la formation a été tel que plusieurs établissements souhaitent désormais solliciter l'Institut Pédagogique Anquetin Rault pour former d’autres enseignants, voire initier un accompagnement de plus longue durée. Certains envisagent également de suivre la formation Potentia, pour approfondir les concepts de posture, de gouvernance partagée en classe et de différenciation durable.


Les cinq lycées, quant à eux, ont décidé de poursuivre leur collaboration, en s’appuyant sur ce nouveau socle commun qu’est la classe autonome. Des groupes de travail se sont constitués pour échanger sur les mises en œuvre concrètes, observer les classes des uns et des autres, mutualiser des ressources, construire ensemble des plans de travail ou des dispositifs hybrides adaptés aux réalités de chaque établissement.


Une dynamique prometteuse

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Ce qui est remarquable dans cette aventure, c’est sa dimension collective. Il ne s’agit pas ici d’un enseignant isolé tentant de "révolutionner" sa classe seul contre tous, mais bien d’un mouvement porté à plusieurs, soutenu par les directions, appuyé sur des rencontres structurantes. C’est une réponse concrète et professionnelle à des enjeux réels : diversité des élèves, perte de sens, épuisement des enseignants face à des méthodes qui ne fonctionnent plus.


Au-delà de la classe autonome, c’est une culture du questionnement pédagogique, du partage, de la formation continue entre pairs qui est en train de se consolider. Et cela, dans un contexte où l’école a besoin d’air, d’élan, de confiance.


Quand l’école ose se réinventer

Cette initiative inter-établissements est le signe qu’il est possible, sans bouleverser l’institution, de redonner du sens au métier d’enseignant et à la mission d’éduquer. En s’appuyant sur des formateurs inspirants, en prenant le temps de la réflexion collective, en acceptant de remettre en question certaines habitudes, ces enseignants construisent pas à pas un modèle plus adapté à leurs élèves et plus cohérent avec leurs valeurs.


L’histoire n’est pas finie. Elle ne fait même que commencer. Car il y a fort à parier que cette dynamique va s’étendre, nourrie par les retours d’expérience, par les réussites partagées, par l’enthousiasme contagieux de celles et ceux qui croient qu’enseigner peut encore rimer avec inventer.


Stéphanie Verdon, enseignante au Lycée Notre Dame de Fontenay-Le-Compte


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